Bien que la première mention formelle de Barreau de L’Ardèche apparaisse en 1929, il faut cependant savoir que les Avocats étaient présents longtemps avant cette date dans notre département.
Il existait alors, en Ardèche, trois tribunaux civils : Largentière, Privas, Tournon, auprès de chacun de ces Tribunaux, un par sous -préfecture, un barreau était établi ; au gré des inscriptions et démissions des avocats inscrits auprès de chacun des trois Barreaux Ardéchois, il arrivait que l’effectif tombe en dessous du chiffre fatidique de 6 avocats ; avec pour conséquence qu’alors le Conseil de Discipline(actuellement Conseil de l’Ordre ) était dorénavant présidé par le Président du Tribunal Civil.
Vous comprendrez facilement que les avocats, par nature indépendants et tout aussi méfiants qu’ils sont respectueux de la moindre émanations de l’Etat ou de la puissance publique, ne supportaient pas volontiers de voir la Magistrature venir régenter le Barreau.
Il me faut cependant avant de passer à l’année 1929, évoquer l’été 1914, le Barreau de Privas et plus précisément le terrible voisinage qui existe sur le registre des délibérations de l’Ordre.
Le 14 février 1912, le Conseil de L’Ordre, sur demande du Procureur, formule un avis sur l’importante question des dates de vacances judiciaires en ces termes : » après avoir examiné la question au quadruple point de vue de la température, des vacances scolaires, des traitements dans les villes d’eaux, des villégiatures diverses, propose le 1°Aout « .
La mention suivante est datée du 4 août 1914, elle est de la main du Bâtonnier Louis BUFFAT : » En raison de la mobilisation décrétée hier, je confie à mon prédécesseur M° Gontier les intérêts de l’Ordre ».
L’Histoire a parfois des raccourcis particulièrement cruels, surtout si l’on se rappelle que le Bâtonnier BUFFAT, ainsi que M°Jean BARREME sont tombés au champ d’honneur.
Il est inutile de chercher au Palais de Justice, rien ne vient rappeler leur mémoire, ils ont simplement fait leur devoir et après avoir pourfendu dans les prétoires l’Etat tentaculaire et oppresseur de l’individu, ils s’en sont allés naturellement et anonymement donner leur vie pour la défense d’un certain idéal de Liberté.
Ces deux mentions successives illustrent parfaitement le paradoxe de la profession d’avocat, tout à la fois capable de débattre pendant des heures de questions pouvant sembler futiles a celui qui ne connaît pas la « basoche « , mais quoi de plus important dans la douceur de l’été 1912, période paisible ou la France dominait encore une grande partie du Monde, que la date des vacances Judiciaires ; et puis, lorsque cela est vraiment nécessaire, capable en l’espace d’une journée de renoncer à tout pour défendre en exposant sa vie, une cause qu’elle croit juste et qu’elle a adoptée.